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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 10:13

DE LA REFORME…

 

Notre Règle nous interdit à juste titre toute discussion ou controverse religieuse. Essayons donc d’éviter cet écueil et risquons nous à déceler quelques analogies entre la Réforme et les évènements qui nous secouent. Faisons tout d’abord montre d’un peu de modestie pour remettre les choses en perspectives, car il ne s’agit pas de comparer ce qui agite 40 000 frères de la GLNF (mais aussi par contagion morbide ceux des autres obédiences), du mouvement qui affecta l’Eglise et donc l’ensemble de la population du Saint Empire romain germanique au XVIème siècle.

 

Au départ, un homme, Luther  (et quelques précurseurs), a lancé un mouvement interne à l’Eglise pour la réformer, comptant pour ce faire sur le Pape. Son espoir fut déçu et il fut exclu. Le climat religieux était alors marqué par des dérives : préoccupations politiques et de pouvoir, dérives économiques (trafics de charges, affaire des indulgences), dégradation du mode de vie du clergé qui s’affaiblit moralement tout en exerçant une omniprésente tutelle.  Luther fustige le matérialisme et l’exhibition des signes extérieurs de richesses. On voit déjà quelques similitudes avec ce qui nous exaspère dans l’évolution de la GLNF et la gouvernance du Grand Maître. L’objectif de Luther est de dépouiller l’Eglise de tout ce qui est obstacle à sa mission première, le salut des âmes. Le nôtre est de dépouiller la GLNF de tout ce qui fait obstacle à sa mission première, la transmission initiatique et le perfectionnement de l’homme.

 

En 1517, Luther publie des thèses contre les Indulgences, d’abord au sein de l’Eglise, dans l’espoir de la réformer. Mais le débat qu’il voulait lancer n’a trouvé pour écho que sa comparution devant le Chapitre de son Ordre, une demande de rétractation, des autodafés et une excommunication en 1521.  Luther : « N’est-il pas scandaleux de voir le représentant du Christ se promener avec un cortège impérial? Et cette cour pontificale avec des milliers de fonctionnaires dont un centième suffirait ». Là aussi, cela nous rappelle un schéma qui nous est devenu familier dans notre Obédience.

 

Tout ce processus a été appuyé par l’essor de l’imprimerie au milieu du XVème siècle, qui a permis la multiplication des textes imprimés et donné aux écrits de Luther l’opportunité de se diffuser largement dans la population. De même actuellement, l’émergence d’internet et plus précisément des blogs a joué un rôle crucial, parfois pour le pire (les noms d’oiseau circulant au rythme des battements d’ailes) et surtout pour le meilleur (la fracture causée dans la chape de plomb que faisait peser le sommet hiérarchique de l’Obédience et ses relais ; la large diffusion auprès de l’ensemble des frères des dérives d’une part et pistes de réforme d’autre part ; l’échange, le partage et la mise en commun des idées).

 

La pensée de Luther s’est structurée autour de quelques grands principes, religieux mais aussi de fonctionnement. Il veut remettre l’Ecriture au centre des choses, ce que l’on pourrait assimiler chez nous au respect du rituel et de la Règle. Tous les chrétiens sont égaux, ont accès à Dieu sans médiateur, il n’y a pas d’infaillibilité pontificale et la suprématie du clergé est remise en cause. Cela s’entend par la promotion d’une solide instruction religieuse de tous les chrétiens et par une plus grande exigence à leur égard. Luther revendique la liberté du chrétien, dans le respect de l’Ecriture, et l’affranchit des Institutions humaines en matière de foi. Il opte alors pour une organisation très souple de la vie ecclésiale (« Chaque lieu convient et aucun lieu n’est nécessaire »). Il met en oeuvre également le développement des catéchismes comme outil pédagogique. Par un raccourci peut-être approximatif, on peut retrouver dans le fond de cette démarche des motivations qui nous animent : le retour à l’exigence, au travail, au rituel ; le souci de la liberté dans ce cadre ; la volonté de retrouver une maçonnerie fuyant la recherche des métaux ; le rejet d’une structure hiérarchique pesante et sclérosante et la revalorisation d’une maçonnerie centrée sur la Loge.

La démarche de Luther était initialement de réforme interne. Face à la volonté de la hiérarchie en place de préserver son mode de fonctionnement, ses acquis, ses avantages matériels et son pouvoir, et ce par tous les moyens (excommunication et menace d’être brulé), son initiative s’est soldée par la rupture avec Rome et l’émergence du (ou des) protestantisme(s).  Désormais, les divergences doctrinales entre catholicisme et protestantisme demeurent, mais les relations sont apaisées, conflits et polémiques ayant laissé place au dialogue.  Notre Réforme est en train de s’écrire, de façon chaotique. A chacun de déterminer quelle est la voie qui recueille son adhésion. Pour ma part, c’est celle de la réforme. Est-ce que la réforme de la GLNF que nous appelons de nos voeux sera suffisamment profonde et refondatrice pour répondre à nos attentes ? A suivre …

 

Pat la Mole

 

 

 

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commentaires

H
<br /> CA NOUS CHANGE DES COMMENTAIRES HABITUELS<br /> MERCI MON F<br /> <br /> <br />
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E
<br /> En finir avec l’Infaillibilité Pontificale<br /> La crise que nous traversons est la conséquence d’une dérive dogmatique vers une unification de tous les pouvoirs qui trouve son apothéose avec ce qu’il faut bien rapprocher du sombre concept<br /> d’Infaillibilité Pontificale.<br /> Pour l'Église catholique, l'Infaillibilité Pontificale est un dogme selon lequel le pape ne peut se tromper lorsqu'il s'exprime ex cathedra(c'est-à-dire en tant que Docteur suprême de l'Église et<br /> en engageant sa pleine autorité apostolique), et ce, en matière de foi et de morale. Comme toute « vérité de la foi », elle ne peut se prêter à une quelconque discussion.<br /> Tout ceci est à l’origine du conflit entre une grande majorité de FF et le G.M., avant même qu’il ne démissionne de la Présidence de notre association. Aujourd’hui, c’est, en toute logique avec<br /> l’Infaillibilité Pontificale qu’il affirme encore être le Grand Maître de la G.L.N.F., ce qui entraine les dérives actuelles de notre obédience.<br /> Pour résoudre la crise, nous ne pouvons pas faire l’économie d’une étape de déconstruction. Il nous faut décortiquer les nombreux écrits, éditoriaux, ordonnances ou simplement planches mais aussi<br /> les pratiques-dites traditionnelles-afin de révéler leurs décalages et confusions de sens, en se focalisant sur les postulats sous-entendus et les omissions dévoilées.<br /> Il nous faut revenir sur l’évolution de l’organisation de la Direction de la GLNF qui a permis de concentrer tous les pouvoirs dans une seule main. Ceci a été permis par le gauchissement lent et<br /> progressif d’un « concept » fondamental en Franc-maçonnerie : celui de Divinité Trinitaire.<br /> La Trinité qui éclaire nos travaux a été réduite, sans qu’on y prenne garde, à une représentation binaire, prémisse à la confiscation unitaire du pouvoir.<br /> L’oubli de la référence à la Trinité a été facile puisque c’est un mystère aux yeux et à la conscience des hommes, fussent-ils francs-maçons. « Le mystère est une vérité inaccessible à la raison,<br /> mais que Dieu donne à connaître en se révélant. Le mystère ne signifie pas que la foi et les vérités de foi soient contraires à l'intelligence et à la raison, mais qu'elles en dépassent les<br /> limites. La démarche de la raison ne suffit pas pour introduire dans la plénitude de sens des mystères, il faut une disposition intérieure d'accueil au don gratuit de Dieu. » (La définition du<br /> mystère, Eglise Catholique de France, Conférence des Evêques de France).<br /> Le retour au binaire s’est opéré par la réduction à l’idée simple d’une lumière divine qui éclaire les FF.MM et d’un raccourci, il y a un G.A.D.L.U. et les hommes.<br /> Cela s’est fini par la confiscation de la Lumière : Il y a Dieu qui inspire le G.M. qui devient dès lors le Guide Spirituel doté consubstantiellement de son « Infaillibilité Pontificale ».<br /> J’ai participé, en toute bonne foi, à cette lente dérive sous des prétextes fallacieux de gain de temps, de goût pour la légèreté et surtout d’humilité et de fraternité : « On est dans un Ordre, on<br /> se tait et on obéit ; c’est comme cela qu’on participe au Grand Œuvre Divin. »<br /> Les G.M.P., désignés par le G.M. comme détenteurs d’un pouvoir absolu sur leurs Provinces, se sont appropriés le plus souvent avec enthousiasme les pouvoirs de l’Infaillibilité Pontificale,<br /> ordonnant plus ou moins à tours de bras.<br /> Les V.M., installés pourtant à l’issue d’une élection, se sont mis à croire qu’eux aussi, par délégation venue d’En-Haut, ils disposaient des pouvoirs de l’Infaillibilité Pontificale.<br /> <br /> Cette cascade de fausses croyances érigées en dogme n’a fait que renforcer la dérive vers un pouvoir absolu, de Droit Divin.<br /> <br /> Des comportements renforcent les croyances même fausses et les pérennisent. Ainsi, lorsque les A.A. reviennent dans le temple, après un passage ou une élévation, ils saluent le V.M.<br /> uniquement…c’est parait-il les us et coutumes, c’est comme ça…<br /> Pourtant, le Rituel du premier degré, pp 40 est clair : « quand vous pénétrerez en loge, vous vous mettrez à l'ordre, vous exécuterez le pas trois fois et vous saluerez successivement le Vénérable<br /> Maître, le Premier Surveillant, puis le Second Surveillant en faisant le signe. »<br /> La régularité du Salut apparaît primordiale, surtout dans le cadre de l’instruction des apprentis puisqu’elle est la représention de la croyance au mystère de la Divinité Ternaire : C’est en<br /> quelque sorte la profession de foi du F.M., comme le Credo l’est pour la majorité des chrétiens.<br /> Bien sûr, il faut savoir parfaitement l'exécuter lorsque l'on arrive en retard et que les travaux ont déjà débuté mais là, tout le monde semble d'accord sur la gestuelle à pratiquer. Il n'en est<br /> pas de même lorsque les frères doivent pénétrer à nouveau dans la Loge pourtant, à notre avis, le Salut, acte hautement symbolique, ne peut supporter aucune variante et seule la dérive du temps,<br /> devenue progressivement « us et coutumes » pour certains a permis ce gauchissement érigé à présent en règle, ce qui n’est pas, sans de graves conséquences comme nous le déclarions plus haut.<br /> L’oubli de la référence à la Trinité est renforcé lorsque l'on pénètre dans la Loge en saluant uniquement le Vénérable Maître.<br /> Il ne faut pourtant pas être un grand spécialiste du ternaire pour rappeler ce que tout maçon du REAA doit connaître :<br /> « -que faut-il pour qu'une loge soit juste et parfaite ?<br /> -Trois la dirigent, cinq l'éclairent, sept la rendent juste et parfaite. »<br /> « -Qu'est-ce qui soutient votre loge ?<br /> -Trois grands piliers que l'on nomme Sagesse, Force, Beauté et qui sont symboliquement représentées par le Vénérable Maître, le Premier et le Second Surveillants. »<br /> « -Comment ces piliers allégoriques peuvent-ils soutenir votre loge, c'est-à-dire présider au travail constructif des maçons ?<br /> -La Sagesse conçoit, la Force exécute et la Beauté orne. »<br /> «-Où se tient le Maître de la Loge ?<br /> -À l'Orient. »<br /> «-Pourquoi ?<br /> -De même que le soleil se lève à l'est pour ouvrir la carrière du jour, de même le Maître de la Loge s'y tient pour ouvrir la Loge et diriger ses Frères dans la voie de la Franc-Maçonnerie. »<br /> «-Où se tient le Second Surveillant ?<br /> -Au Midi, pour observer le soleil au méridien et appeler les Frères du travail à la récréation et de la récréation au travail, afin qu'ils en retirent profit et joie. »<br /> «-Où se tient le Premier Surveillant ?<br /> -À l'Occident, pour observer le coucher du soleil et aider le Vénérable Maître à fermer des travaux après s'être assuré que chaque Frère a reçu le salaire qui lui est dû. »<br /> <br /> Comme on le voit, le Vénérable Maître, seul ne peut rien...<br /> « Souvenons-nous, mes Frères, que seuls, nous ne pouvons rien. Aidez-moi »<br /> Le premier travail de reconstruction doit être de réaffirmer le mystère de la Divinité Ternaire, déjà par la mesure toute simple de rétablissement du Salut de l’apprenti dans sa dimension<br /> symbolique, qui dans sa régularité va réaffirmer l'unité ternaire de la direction de la Loge.<br /> De bas en haut et de haut en bas, il est nécessaire de réfléchir à l’importance de ce Salut basal. Sa polysémie nous rappelle qu’il peut être une voie providentielle, une marche vers la Vérité,<br /> indispensable carburant pour notre quête spirituelle, mais aussi -voire surtout- un garde fou à toute volonté de puissance individuelle qui n’a rien à faire en F.M.<br /> Donc, si tout commence au ras des pâquerettes, dans nos Loges où il faut à tout prix lutter contre la personnification du pouvoir, cela doit se poursuivre dans les cercles des « reconstructeurs »<br /> qui doivent affirmer cette règle immuable d’un pouvoir ternaire à la tête de notre obédience : Ce n’est donc pas un G.M. providentiel qu’il faut combattre, attendre ou désigner mais un système de<br /> pouvoir à retrouver.<br /> A notre avis, le pouvoir devrait être collégial : C’est par leur utilité que les structures provinciales deviendraient nécessaires, véritables clés de voûte entre les Loges et les structures<br /> nationales, elles pourraient s’opposer au déséquilibre dévastateur des tendances humaines naturelles à la confiscation du pouvoir.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Félicitations au rédacteur, tant pour le parallèle, que pour le style clair et la qualité de la grammaire ( vertu rare de nos jours). En tant que protestant( calviniste) je ne puis que me régaler à<br /> la lecture de ce très intéressant et pertinent article. Merci mon TCF.<br /> Edgard CHAIX ( CBCS) Ancien de la GLNF dont la vie( et la survie) me tient toujours à coeur.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Belle planche d'instruction!!!<br /> Je salue son auteur.<br /> <br /> <br />
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